Épisode de marée à rebours, nous voilà repliés sur l’écorce de la terre, contraints de marcher vers l’ancien. La lisière repoussée vers le corps du continent.

Les traces s’immisçaient partout.
Nous avions beau les avoir recouvertes de notre élan, elles ne disparaissaient pas.
Au contraire, leur nombre ne faisait que grandir et l’apparent désert regorgeait de voix.

Les signes avaient-ils été déposés en terre avant l’hiver?

Habiter les plis comme des cavernes où s’abriter.

Nous étions plusieurs solitudes, des milliers, agglutinées les unes aux autres comme les œufs d’une grenouille. Nos corps resserrés, tapis dans l’attente.

On s’était levé et l’horizon avait disparu.
La Terre, soudain recouverte d’îles.

Retourner le monde comme un gant.
Sur l’envers, une multitude de fils enchevêtrés.

Épuiser l’angle de la fenêtre à force de veiller.
Souhaiter que la marquage dure pour des siècles.
Faire des vœux, tirer sur un os.

Le mur de pierres sèches menace de s’effondrer.
Quelqu’un a proposé de laisser la nature sur le seuil. D’autres ont souhaité qu’elle parte au front.
La lisière est mal habitable.
Toutes les clairières ont déjà été visitées. Il a fallu renoncer au nouveau monde.
Nous sommes dehors comme dedans.